Vous vous ennuyez? Moi aussi ...

Nous étions un mardi matin et je n’étais pas dans le cabinet vétérinaire mais au lycée de Mystic Falls. Mon patron avait eu la brillante idée de me faire passer sur le campus pour taper un speech aux élèves sur l’abandon des animaux de compagnie ainsi que sur leur achat. Je devais avoir au grand maximum quatre ans de plus que certains élèves et ils devaient y en avoir de mon âge… Je ne me sentais pas réellement capable de tenir une classe malgré la présence de leur professeur. Et je n’étais pas réellement douée pour parler à un groupe de personne, déjà que parler avec une seule personne ne m’était pas donné alors à des classes entières… ça risquait d’être bien difficile. Les premières classes dans lesquelles j’allais passer, allaient sans doute être les plus compliquées, car je n’avais rien préparé puisque j’avais complètement oubliée que j’avais cette mission…

Un soupir m’échappa lorsque la cloche sonna. Ça me rappelait mes années dernières, lorsque j’étais moi-même lycéenne, les terminales allaient sans doute se rappeler de moi puisque j’ai quitté le lycée fin juin pour travailler. Même les autres lycéens, il y avait si peu de monde dans cette ville que tout le monde se connaissait. Je me voyais très mal ordonner à mes anciens camarades de se taire, j’allais durant trois quart d’heure être à la place de leur professeur. Ça me semblait si compliqué… J’entrais dans la première classe que je devais visiter, c’était les secondes.

Je me présentais à eux et certains me connaissaient puisqu’ils avaient des chiens, chats ou autres animaux, d’autre ignorait même mon métier. Je fis rapidement la présentation de mon travail avant de parler des abandons d’animaux pendant les fêtes. J’avais tout bonnement l’impression de parler à un mur… Il ne devait même pas y avoir un élève qui m’écoutait, je n’étais même pas sûre que le professeur même m’écoutait. Ce fut ainsi pour toutes les classes… Ce fut aussi ennuyant pour eux que pour moi. Je me répétais, disais la même chose et eux, étaient obligés de faire mine de m’écouter. La prochaine fois, le véto il fait ça tout seul ! Parce que moi, j’en avais bien mare. J’avais même songé à ne pas faire la dernière classe et de partir sans prévenir.

En arrivant dans la classe de première, je fis mine de sourire et vins me mettre au tableau. Je me présentais de nouveau et je recommençais à parler dans le vent. J’aurais pu raconter que j’avais soigné une araignée de vingt mètres de haut… Il ne l’aurait même pas remarqué. Je continuais sans faire attention à certains ronflements perceptibles au fond de la classe :

- … Et donc, si vous souhaitez offrir un animal comme cadeau de noël, faites attention à ce que son nouveau propriétaire puisse s’en occupé correctement sans l’abandonner. Et il y a plein de chiens et de chats qui attendent une nouvelle famille au chenil !

J’étais persuadée qu’aucun d’eux n’avaient remarqué que j’avais terminé. Je restais donc debout dos au tableau noir jusqu’à ce que la cloche ne retentisse de nouveau pour leur permettre de sortir pour l’heure du déjeuné. D’ailleurs, j’avais moi-même faim… En retournant au cabinet, je passerais à la boulangerie me prendre un sandwich tout fait !

J’avais terminé mon long discours que j’avais déjà répété plusieurs fois. Si je pouvais, j’aurais bien aimé réveillé le professeur qui semblait somnoler comme la plus part de ses élèves. Je savais que pour eux, les animaux étaient des jouets dont on pouvait se débarrasser lorsqu’ile nous ennuient ou lorsqu’ils sont trop vieux. Ce n’était d’ailleurs pas mon idée mais celle du vétérinaire pour qui je travaillais, je n’étais que son assistante et j’étais sous ses ordres même si, ça ne me faisait pas toujours plaisir. Après tout, j’étais payée pour lui obéir. Un long soupir m’échappa, je regardais ma montre. La cloche devait retentir dans quelques minutes et pouvoir laisser à ces jeunes élèves aller se nourrir…

L’heure qui précédait celle du déjeuné était un supplice pour tous les adolescents et même pour les professeurs je dirais. Mais aucun de nous n’avait le choix : je devais parler durant une heure, et ils devaient m’écouter. Mais leur torture allait bientôt prendre fin tout comme la mienne. Tout comme eux, j’avais un petit creux mais j’allais devoir attendre un peu car je devais ranger tous mes papiers.

La clocha sonna enfin. Je crus un instant que la classe était prise par un ouragan. Un vacarme s’éleva dans la salle comme un tonnerre. Les élèves s’extirpaient de leur place sans lever leur chaise mais en les trainant dans un bruit désagréable. « Moi aussi j’étais ravie passer cette heure avec vous… » Pensais-je.

Mon supplice était enfin terminé ! J’allais pouvoir retourner au cabinet vétérinaire avec les nombreux animaux qui y était soignés. Je pourrais m’en occupé et je n’aurais plus à supporter les ronflements humains qui m’insupportais ! Je crus que la classe était vide, mais une voix me montra qu’il y avait encore une élève. Je relevais mon visage de mes cahiers et de mes feuilles ; je fus face à une élève aux yeux sombres et à la chevelure brune. Elle se présenta : elle était Elena Gilbert, elle déclara qu’elle avait trouvé mon discourt intéressant. Je lui souris et répondis amicalement :

- Je te remercie Elena, il y a peu de personne qui se soucient encore du sort de nos compagnons. Je peux faire quelque chose pour toi ? Un renseignement peut être ?

Elle avait été la première et sans doute, la dernière à être venue me voir. Sa présence aussi proche de la mienne me laissait une impression agréable et douce. J’avais l’impression qu’un vent doux et délicat soufflait en moi. Je ressentais tant de chose en présence d’un individu, mais je ne savais pas ce que tout cela voulait dire. J’allais devoir rendre une visite chez mes grands parents pour leur poser de nombreuses questions. Ces derniers mois étaient plein de questions… J’avais ressenti énormément de chose mais j’en ignorais la signification. Elena m’avait apporté quelque chose de nouveau… Je voulais savoir ce que se vent doux en mi me disait.

Je rangeai mes affaires lorsque j’entendis la voix d’une jeune femme. Je me retournais et fus face à une élève qui devait avoir quelques années de moins que moi. Elle me souriait et me complimenta sur mon discours. Je ne pris pas ses paroles pour de la pitié ou autre chose dans ce genre, mais très bien. C’était toujours agréable de voir que certaines personnes se souciaient encore des animaux de compagnie qui vivent à nos côtés. Car il y avait beaucoup de propriétaire peu scrupuleux qui mettait leur compagnon à la porte après une bêtise, ou au bord d’une autoroute pour partir en vacances. Enfin, c’était ainsi et si le vétérinaire m’avait envoyé ici, c’était pour en parler aux lycéens, sauf qu’ils ne semblaient pas très concernés…

Je remerciais donc Elena de son intérêt sur le sujet et lui demandai si elle avait besoin de quelque chose. Après tout, nous n’allions pas parler à une inconnue s’il n’y avait pas de raison. Je l’écoutais donc attentivement. Elle proposa amicalement son aide au cabinet vétérinaire pour nous aider dans le travail, tout en précisant qu’elle n’avait aucune qualification dans le domaine animalier. Je lui souris gentiment avant de lui répondre :

- Ça me fait très plaisir de voir quelqu’un de réellement intéressée tu sais. Si tu veux des renseignements pour nous aider, tu devrais passer au cabinet vétérinaire de la ville. Je ne suis pas le vétérinaire, juste assistante. Mais s’il refuse ton aide, je connais un refuge qui aurait sans doute besoin de bénévole si ça t’intéresse aussi. Là, pas besoin de grande qualification, ils te formeront sur le tas, comme on dit. Il faut juste avoir une assez bonne forme pour ne pas se faire tracter par les chiens en les promenant.

Et oui, une fois remis sur pied, certains canidés avaient de la force à revendre et nous promenaient. J’allais parfois faire du bénévolat quand j’étais encore lycéenne, mais avec le travail, je n’avais plus le temps et j’avais aussi mes deux gros bébés à m’occuper. D’ailleurs Kana et Rata venaient de ce refuge. Il était hors de la ville, mais il n’était pas trop loin non plus, c’était un trajet tout à fait faisable. Je souriais toujours à Elena en écoutant sa réponse.

C’était un réel plaisir pour de rencontrer une personne qui s’intéressait à la vie des animaux de compagnie. Il y en avait pas beaucoup et, pour certains ce n’était qu’une passion pour quelques semaines voir même moins. Sur tous les lycéens que j’avais rencontrés, il n’y avait eu qu’Elena qui s’était présenté à moi pour me parler. Elle semblait plutôt sincère et j’appréciais cela, venir me voir par pitié n’était pas très agréable, je n’avais pas besoin de la compassion des élèves pour vivre, je me débrouillais très bien tout seule. Mais mademoiselle Gilbert me faisait vraiment plaisir, alors je l’écoutais attentivement pour répondre à toutes ses interrogations. Voulant aider la cause animale, je lui répondis qu’elle devait voir ça avec mon patron, et s’il refusait son aide, il y avait un refuge animalier hors de la ville. Elle répondit alors qu’elle ferait de son mieux et qu’elle souhaitait faire les démarches au plutôt. Elle était réellement motivée, je lui souris et répondis cela :

- Ravie d’entendre ça, je suis très contente de t’avoir rencontrée Elena.

Je rassemblais mes dernières feuilles pour pouvoir retourner au cabinet vétérinaire. Songeant tout de même à passer au Mystic Grill pour avoir un petit repas, bout de pain pouvait très bien faire l’affaire, je mangerais bien ce soir… Si Kana ne songeait pas à me voler ma viande. Je souris à cette petite pensée amusante et puis, la jeune adolescente me demanda si nous pouvions déjeuner ensemble, elle voulait en savoir plus sur mon parcours et également recevoir des conseils. Etait-ce une bonne idée ? ça le serait sans doute si je réussissais à faire attention à ce que je disais. Si j’avais arrêté de sortir c’était bien pour cela… Bon, je n’allais pas décliner une invitation si poliment annoncé et, surtout de la part d’une jeune femme qui voulait aider les animaux. Je regardais alors ma montre avant de répondre :

- Pourquoi pas Elena, il me reste quarante cinq minutes de pause.

Je mis mes affaires dans mon sac et partis vers la porte. Je laissais passer l’élève avant et nous sortîmes dans les couloirs. N’ayant pas beaucoup de temps, je commençais déjà à répondre à quelques unes de ses interrogations durant notre marche.

- Pour mon parcours, il n’est pas très prestigieux. J’ai voulu être vétérinaire, mais je n’ai pas voulu quitter Mystic Falls pour mes études, je voulais rester près de ma famille, alors j’ai fait des études d’auxiliaire spécialisé vétérinaire par correspondance, par chance le vétérinaire de la ville a bien voulu être mon patron. Donc, deux ans à travailler chez moi, et puis me voila où je suis… J’oubliais une question important, tu veux manger où et quoi ?